BALDENSPERGER

XV

By vincent baldensperger

Ma petite participation à la dernière coupe du monde de rugby a débuté fin 2022. Philippe me propose de réaliser une série de 55 portraits d’internationaux du XV de France. Un style, une signature, du noir et blanc tel que j’aime le travailler. Une belle galerie de belles gueules au final.

L’exercice est clair et “facile” sur le papier, un peu plus délicat en pratique dès les premiers rendez-vous. Il y a ce facteur temps qui rythme les séances les unes après les autres. En moyenne une quarantaine de minutes pour installer mon fond, ma source flash, mon réflecteur, réglages boitier, réglages lumières, séance portrait puis rangement de l’ensemble.

Autre découverte en chemin, la gestion des plannings, des lieux de shooting, pour aller à la rencontre de ces internationaux et réaliser chaque séance avec un minimum de “confort” de travail. De Toulouse à Biarritz, Bordeaux, La Rochelle, Paris, Perpignan, Béziers, Montpellier, Aix, Toulon, Clermont, Lyon… rendez-vous donc chez moi pour certains, chez eux pour d’autres, on pousse les meubles, les canapés du salon. On improvise aussi dans des vestiaires de stades, des salles de restaurants, des chambres d’hôtel, bref tout ce qui peut faire office de mini studio.

Au total quasiment 9 mois de réalisation, 9 mois de rencontres et de découvertes, 9 mois de bonheur.

Je rend une fois encore hommage à tous ces rugbymans qui m’ont accordé ces quelques instants devant l’objectif, à Philippe Toinard qui m’a confié ce superbe projet, à l’équipe des Editions de La Martinière pour leur confiance.

Les quelques portraits de cette galerie sont extraits de ma sélection…

Le Beau et la Bête

By Vincent Baldensperger

Ne regardez pas mes photos, observez Jean-Luc, découvrez ses sensibilités, ses oeuvres. Là-bas, en pleine campagne, dans son ancienne ferme peuplée d’animaux naissent des trésors artistiques. J’ai un petit parcours dans le graphisme, des souvenirs d’études de dessins, de croquis, un apprentissage m’ayant permis de comprendre rapidement que trois sujets de dessin comptent parmi les plus compliqués : la main et le pied de l’Homme ainsi que le cheval. Petite parenthèse pour vous dire que j’ai découvert un Maitre en la matière, de sublimes dessins et sculptures d’équidés…

J’ai eu ce vrai plaisir de suivre pas à pas Jean-Luc dans la création de sa nouvelle oeuvre. Dans son atelier ouvert sur la nature, les outils cognent, tapent, découpent, creusent les plaques de métal qui sont ensuite assemblées, rivetées. Immense puzzle réalisé à partir de vieux bidons découpés et recyclés en feuille blanche. Ca fait des années que ça dure et jamais ça ne s’arrêtera je le sais. A cet instant je pense à la passion qui l’anime autant que la mienne pour un tout autre domaine.

J’ai eu ce vrai plaisir de ne pas chercher à comprendre, juste à gouter des yeux comme on savoure du Mozart du coin de l’oreille. Il n’y a rien à expliquer, rien à démontrer, rien à étudier. Jean-Luc fait partie de ces êtres rares qui abreuvent nos existences de Beauté et d’émotions, celles qui vous coulent le long de la joue sans retenue.

Recette

BY VINCENT BALDENSPERGER

Mes coups de coeur photographiques restent le Portrait et le Reportage-Documentaire, une approche personnelle, un lien direct entre un sujet, ma sensibilité et l’outil. Un peu comme un cuisinier, il y a le contact avec mon sujet, certaines émotions puis mes recettes en fonction des inspirations, ce que deviennent ces images en post-traitement. Quasiment aucune retouche, aucun artifice, l’essentiel doit être là et pouvoir s’exprimer simplement, sans explications ni légendes superflues. Des images à ressentir, à goûter, à vivre.

Ingrédients identiques, ces 5 portraits réalisés avant cette pandémie, re-cuisinés aujourd’hui en deux recettes. Au final c’est toujours une question de goûts…

Vincent's Letter of Intent

20?? « Le possible, cette fenêtre du rêve ouverte sur le réel »

Rêvons donc de tous les possibles, chaque jour un pas, et qu’importe la destination. Construisons notre chemin comme on le désire. J’apprend à vivre le présent, et qu’est-ce que la photo si ce n’est l’instant présent ? Cette période est propice à tous les apprentissages, à tous les rêves. Une seconde d’hier, c’est une seconde d’aujourd’hui comme de demain. Seule celle-ci est vivante. Demain n’existe pas.

Comme pour chaque nouveau projet, pour chaque nouvelle image, tout est découverte. Je partagerai ce mois-ci en toute simplicité et au plus près du réel, mes coups de coeur pour des sujets sensibles, peut-être pas uniquement de nouvelles photos. Reportages, portraits, mini séries… Je sais que l’on y verra des femmes et hommes, je sais que l’on y découvrira des animaux, des natures plus vivantes que mortes aussi, je sais que couleur et noir et blanc alterneront, je sais que j’ai plus à montrer qu’à écrire…
« Scio me nihil scrire », je sais que je ne sais rien.

Vincent Baldensperger
January 31th, 2022

DEFINITION 46 | F*** CVD-19

Photography and Text by Vincent Baldensperger

Interdictions, restrictions, contrôles…
Humain d’ici ou là, tu t’adaptes, tu patientes, tu attends l’aube.
Et plus ces heures s’assombrissent, plus la Vie s’impatiente.
Révérence à 2020…
•••
Prohibitions, restrictions, controls ...
Human from here and there, you adapt, you wait, you wait for dawn.
And the darker these hours, the more impatient Life becomes.
Reverence to 2020 ...

Definition 028 | Sous les sabots...

By Vincent Baldensperger

Frontière entre reportage et documentaire. Sous le soleil de Gaillac en Occitanie, j’ai découvert la passion de Grégoire, travailler son petit vignoble à la fraiche avec l’aide de sa jument. Rituel immuable, prendre soin de l’équidé et le préparer pour quelques heures de travaux entre les vignes. Entre ces deux-là c’est l’entente parfaite, Grégoire guide l’animal à la voix, sans jamais hausser le ton, toujours avec calme et délicatesse. Deux petites parcelles à entretenir au milieu des valons tarnais pour trois quilles pleines de vie.
Une fois de plus j’ai savouré cette découverte, une fois encore j’ai pensé à mon “métier” qui n’en est pas un. A tous les bonheurs qui se présentent lorsque sur le terrain, je pousse la porte et plonge dans un nouvel univers…

Definition 019 | In Vino

By Vincent Baldensperger

Lui c’est Simon. Aujourd’hui je suis son hôte pendant quelques heures pour sillonner son vignoble, l’accompagner dans ses travaux quotidiens. Je fais le plus beau métier du monde, ça c’est ce qui me trotte dans la tête une fois encore à ce moment. Passion dévorante pour toutes les formes d’artisanat, là où la main de l’Homme sublime la terre et la matière, sans artifice. Fidèle observateur, attentif, émerveillé souvent et jamais rassasié.

Ce matin de mai, 8 heures, hautes pressions, azur jusqu’aux Pyrénées et petit café aux pieds du château avant de débuter mon reportage. Journée consacrée à l’ébourgeonnage, une petite équipe nous devance sur une parcelle de Merlot. Il faut suivre un sentier, longer les premières parcelles dans le silence, l’herbe pleine de rosée sous les pieds… descendre enfin vers un lac, saules pleureurs, grenouilles, aigrettes, et sur l’autre flanc du vallon quelques brebis. Décors sonore. Sur cette petite parcelle, 5 personnes dos courbés, à genoux, couchées parfois s’activent méticuleusement pour mener à bien cette étape printanière. Chaque pied de vigne est observé puis débarrassé de ses bourgeons et jeunes rameaux envahissants. Là encore j’observe et j’apprend, concentré sur tous ces gestes. Un seul but en tête, saisir au mieux et sans intervenir le sens de ce savoir-faire. Quelques heures d’observations, suivre l’un puis l’autre, chantonnant, sifflotant pour s’encourager sous le soleil jusqu’à toucher au but. Deux, trois rangs terminés et une pause avant d’y retourner. 11 heures. J’entends leurs voix faiblir. Aux côtés de Simon, petit tour de lac avant de remonter vers notre point de départ. Là, entre deux rangs de Syrah, deux ceps à déposer sur le bord du sentier…

Lui c’est Simon Gerber, vigneron bio dans le Sud-Ouest de la France, à la tête du Domaine de Ribonnet où se cache une cave d’exception créée par Clément Ader.

DEFINITION 011 | 60 JOURS 60 NUITS

By Vincent Baldensperger

Blanc. Vous aimez le blanc ? Son silence, son goût, sa légèreté, sa douceur, son parfum ? Blanc. On en passera des nuits blanches dans le blanc des yeux de la Liberté, on essayera de se souvenir de sa couleur, on oubliera ce mariage cousu de fil blanc. On continue la danse quitte à saigner à blanc le présent ou l’on dégaine le drapeau blanc ? Finis les chèques en blanc, va falloir montrer une putain de patte blanche et marquer ce printemps d’une pierre toute aussi blanche. Elle est là, éblouissante, la Liberté, notre page blanche. 60 jours, 60 nuits pour la réinventer…

Flamboyante lorsque le soleil s’affaisse entre les rues désertes, le silence gagnant du terrain, bâillonnant les cités. Etourdissante, vertigineuse au changement de tempo. Fulgurante, fascinante de possibles. De ces premiers bouleversements, ici, à quelques mètres, dans cette rue où trois enfants rient en pédalant, naissent des improvisations musicales, des lectures, des discussions passionnées ou légères, des partages, de l’entraide, des découvertes, des sourires. Des petits riens, de grands espoirs entre voisins, de fascinantes pousses d’une Liberté blanche comme neige. Merci à vous.

Definition 003 | Iceberg

By Vincent Baldensperger

L’exercice le plus difficile et austère que je connaisse… moi l’autiste asperger qui délibérément choisis l’autre côté du miroir afin de ne pas croiser mon regard. J’avais préparé un autre sujet, je m’étais échappé. Me voici pris au piège pour une présentation sommaire, trois extraits d’Elles, précieuses parmi les précieuses et quelques autoportraits de la partie émergée de l’iceberg… carte d’identité timide.

© Vincent Baldensperger

LES PRUNELLES DE L'OMBRE

Les paupières des fleurs, de larmes toujours pleines, 
Ces visages brumeux qui, le soir, sur les plaines 
Dessinent les vapeurs qui vont se déformant, 
Ces profils dont l'ébauche apparaît dans le marbre, 
Ces yeux mystérieux ouverts sur les troncs d'arbre, 
Les prunelles de l'ombre et du noir firmament 
Qui rayonnent partout et qu'aucun mot ne nomme, 
Sont les regards de Dieu, toujours surveillant l'homme, 
Par le sombre penseur entrevus vaguement.”
V. Hugo